Le projet Waloval, initié dans le cadre de la stratégie Circular Wallonia, vient de se clôturer avec succès. Son objectif principal était de démontrer, à l’échelle pré-industrielle, la viabilité d’une solution mutualisée de valorisation de quatre coproduits issus de filières alimentaires wallonnes : le tourteau de colza, la drèche de brasserie, le marc de pomme et le son de blé.
Un écosystème riche mais fragmenté
La Wallonie dispose d’une masse critique de coproduits, portée par un tissu dense de PME agroalimentaires (95 % comptent moins de 50 travailleurs). Toutefois, cette ressource reste diffuse sur le territoire, ce qui pose d’emblée des défis logistiques et organisationnels.
Un projet guidé par l’impact environnemental
Chaque étape du projet a été analysée selon des critères stricts : réduction de l’utilisation de molécules et solvants toxiques, limitation des consommations d’énergie et d’eau, optimisation des procédés et de la logistique, tout en évitant la création de nouveaux coproduits et en minimisant les flux secondaires. Une étude spécifique a d’ailleurs été consacrée à l’optimisation énergétique des différentes phases.
Les choix technologiques
Un enjeu central du projet était d’identifier des technologies pouvant être mutualisées entre coproduits pour renforcer la rentabilité.
Stabilisation :
- Le pressage s’est révélé pertinent pour la drèche de brasserie, mais moins pour le marc de pomme, en raison de pertes trop importantes en matières d’intérêt.
- Le séchage est apparu indispensable pour les marcs de pomme et les drèches. Après différentes analyses, le sécheur flash a été retenu pour sa nettoyabilité, son fonctionnement en continu, son encombrement réduit et son coût d’investissement.
- D’autres options, comme la fermentation, le refroidissement ou la congélation, ont été jugées inadaptées à grande échelle.
Valorisation : La technologie retenue est l’air classification, un procédé de fractionnement mécanique encore peu répandu en Wallonie. Elle permet de séparer des fractions enrichies en protéines de celles enrichies en fibres.
Les autres défis : réglementation, logistique et marché
- Réglementation : La qualification des coproduits (déchets ou ingrédients) et leur conformité aux normes AFSCA et Novel Food ont été examinées. Une attention particulière sera nécessaire pour le tourteau de colza, dont les teneurs en lipides et glucosinolates devront être contrôlés pour éviter le dépôt d’un dossier Novel Food.
- Logistique : Les volumes hétérogènes (de 4 à 2000 tonnes/an), le stockage et la conservation des matières, notamment pour la drèche et le marc de pomme, représentent un enjeu majeur. Une analyse menée dans la région Liège/Namur a abouti à huit diagnostics Supply Chain d’entreprises et trois schémas logistiques adaptés.
- Marché : Les analyses confirment un intérêt croissant pour des ingrédients riches en fibres et protéines, ainsi que pour les farines fonctionnelles en alternative aux additifs. Trois recettes pilotes ont été développées et soumises à un panel de dégustation :
- boulettes à base de colza fin et de son de blé,
- pain à base de drèche de brasserie et de son de blé,
- sauces à base de tourteau de colza.
La question de la rentabilité
Un business plan et un outil dynamique ont été conçus pour évaluer la pertinence économique du projet. Ils permettront de tester différents scénarios et de constituer une base solide pour un futur déploiement industriel.
Une étape clé vers l’économie circulaire
Aujourd’hui, les coproduits alimentaires sont majoritairement valorisés en alimentation animale (feed) ou en énergie. Or, la nouvelle directive européenne Food Waste impose une réduction de 10 % des déchets alimentaires d’ici 2030, en restreignant les valorisations possibles au Feed ou au Food.
Dans ce contexte, Waloval constitue une avancée significative. Ce Proof of Concept trace un pont entre la recherche et l’industrie et ouvre la voie à la mise en place d’un projet industriel de valorisation mutualisée. Il contribuera à aider les entreprises wallonnes à atteindre les objectifs ambitieux fixés par la Commission européenne, tout en renforçant la compétitivité de la filière agroalimentaire locale.
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Cécile Fontaine cecile.fontaine@wagralim.be
Julie Grosjean julie.grosjean@wagralim.be