Trier les concepts pour mieux trier les déchets

22 juin 2021


Dans un article précédent, nous évoquions la confusion créée autour des « bio-plastiques ». Nous avions insisté sur le besoin de lever la confusion entre des plastiques bio basés, autrement dit produits à partir de sources renouvelables, et les plastiques pétro sourcés. La prise en compte de la fin de vie des plastiques permet, quant à elle, une autre classification.  

Il existe des plastiques qui peuvent être mis en décharge ou incinérés mais aussi des plastiques recyclables ou biodégradables. Les plastiques recyclables seront conditionnés de différentes manières pour servir de matière première à la production d’autres objets en plastique et éventuellement d’autres emballages. Les plastiques biodégradables ont la propriété de se décomposer soit dans un compost ménager (home compost) ou en suivant des conditions industrielles. 
 

Zoom sur la perception consommateurs 

Tout d’abord, bannissons le terme de bioplastiques, les concepts deviennent alors simples et clairs. Certains indiquent le mode de production, d’autres se réfèrent à la fin de vie des emballages. Mais qu’en est-il de la perception et de la compréhension des consommateurs ?  

Une étude récente menée par deux équipes de l’Université de Wageningen tente de répondre à cette question. L’étude est menée auprès de 281 consommateurs allemands sélectionnés au hasard dans une rue commerçante. 

Les chercheurs ont mesuré la perception des consommateurs sur des bouteilles en plastique recyclable, bio basé ou compostableLes consommateurs estiment que les bouteilles compostables sont les plus intéressantes pour l’environnement, les bouteilles produites avec des polymères bio basés arrivent en seconde position suivies des bouteilles recyclables. Ce classement pourrait être discuté car il n’est pas évident de généraliser les avantages environnementaux des différentes alternatives. Mentionnons peut-être que les plastiques bio basés sont moins émetteurs de carbone mais très gourmands en eau si l’on compare les versions similaires pétro sourcées  mais là n’est pas le but de l’étude.

L’équipe a ensuite envisagé la manière d’éliminer ces emballages. Un peu moins de 9 consommateurs sur 10 appliquent le bon geste de tri pour la bouteille pétro sourcée ; 8 consommateurs sur 10 pour la bouteille biosourcée mais recyclable et seulement 6 consommateurs sur 10 placent la bouteille biodégradable au sac destiné au compostage industriel 

Un paradoxe assez net 

Les consommateurs ont une perception positive des emballages biodégradables et dans une certaine mesure du bio basé. Pourtant, pour une proportion significative d’entre eux, le concept n’est pas compris. Les consommateurs ne perçoivent pas que le plastique peut être bio basé et recyclable Plus encore, ils considèrent que le plastique ne peut pas être composté. Cette erreur génère une double conséquence. D’une part, elle ne permet pas de valoriser les efforts consentis pour rendre la bouteille compostable et d’autre part elle entraine une pollution des filières de recyclage.
 

Il apparait donc que pour les consommateurs allemands et certainement pour les Belges également, les concepts ne sont pas clairs même s’il existe une volonté d’adapter son comportement à des pratiques plus favorables à l’environnement. Les logos sur les emballages ne sont pas toujours compris. Selon Wagralim, la confusion proviendrait du fait que certains logos concernent le mode de production et d’autres les consignes de fin de vie. Pour aiguiller le consommateur, il serait plus simple d’avoir une consigne explicite de la destination du déchet par exemple en appliquant un logo de couleur identique à la couleur du sac qui doit accueillir le déchet. 

 

L’innovation technologique seule ne peut donc être parfaitement efficace que si elle n’est pas accompagnée d’une innovation en matière d’usage. Les projets visant à développer des emballages durables devraient intégrer dans leurs équipes des spécialistes du comportement ou de la communication.   

Wagralim, expert sur la thématique des emballages 

Wagralim reste à votre écoute qu’il s’agisse d’une question ponctuelle ou d’une étude plus large sur la thématique des emballages. Nous apporterons un premier conseil ou relayerons votre demande aux experts de notre réseau. Contactez sans hésiter emmanuel.vanzeveren@wagralim.be ! 


Merci au Professeure A Richel, Biomass and Green Technologies University of Liege - Gembloux Agro-Bio Tech pour les riches échanges à ce sujet.
 

Sources 

Exploring Comparative Energy and Environmental Benefits of Virgin, Recycled, and Bio-Derived PET Bottles. ACS 

Sustainable Chemistry & Enineering 2018, 6, 9725-9733, Pahola Thathiana Benavides, Jennifer B. Dunn Jeongwoo Han, Mary Biddy,and Jennifer Markham 
The paradox between the environmental appeal of bio-based plastic packaging for consumers and their disposal behaviour, Science of the Total Environment 705 (2020) 135820, Danny Taufik a, Machiel J. Reinders, Karin Molenveld, Marleen C. Onwezen
Article Wageningen

 

dans R&D