L’immunité est désormais au cœur des préoccupations du grand public. Parallèlement, l’aspiration du consommateur à une approche holistique et préventive mène à une « foodification » des produits destinés à soutenir l'équilibre immunitaire. Dans ce contexte, les phytonutriments représentent une opportunité d’innovation unique que viennent soutenir des données scientifiques prometteuses et un appétit croissant pour la naturalité. Lors de l’évènement annuel de la plateforme Keyfood qui s’est tenu à l’ULB le 23 novembre dernier, Nicolas Houyoux, Head of Knowledge Management des Laboratoires Botalys, nous a présenté une sélection avisée d’actifs pour le développement des produits de demain. Afin d'en savoir plus sur son expertise sur les phytonutriments, nous l'avons interviewé il y a quelques jours.
Comme vous l’avez mentionné dans vos articles et lors de votre présentation, l'offre en compléments visant à renforcer l'immunité se multiplie à grande vitesse suite à la pandémie et continuera probablement sa croissance dans les prochaines années. Par ailleurs, le marché est on ne peut plus favorable à l’innovation, d'innombrables opportunités de développement se créent.
Différents paliers d’action sur l’immunité ont été évoqués lors de votre présentation. Il est impératif de bien les comprendre aussi bien dans le développement des produits d’innovation que dans la compréhension du consommateur. Pouvez-vous les développer brièvement ici :
Nicolas Houyoux, Botalys : Lorsqu’on s’intéresse aux phytonutriments dans le cadre de l’immunité, il apparait pertinent de porter une attention particulière à la sphère digestive qui représente une "frontière" cruciale de notre organisme face aux infections potentielles. Dans ce contexte, on distingue 3 catégories de bienfaits des phytonutriments pour soutenir l'immunité :
1) Favoriser l’équilibre du microbiote intestinal puisqu'il représente la première ligne de défense face aux agents pathogènes
2) Soutenir l’intégrité de la barrière intestinale afin qu'elle puisse assurer son rôle de rempart à l'infection
3) Assurer vigilance et modération du système immunitaire au niveau intestinal pour une réponse efficace et sous contrôle
Comment voyez-vous l’évolution des tendances du marché : tendance personnalisée, gradation, recherche de plus de naturalité ... ?
Nicolas Houyoux, Botalys : Aujourd’hui, la naturalité dans les compléments alimentaires est passée de tendance à norme. Quant à la personnalisation, elle est évidemment au cœur de nombreuses évolutions du secteur, facilitée par la digitalisation de l’information. Mais l’une des tendances les plus significatives est probablement celle des positionnements de marques de plus en plus affirmés.
Indépendamment de la naturalité des ingrédients ou de la qualité des formules sur le plan scientifique et technique, on voit ainsi émerger une véritable polarisation du marché avec d’un côté les marques au positionnement « médicalisé » et de l’autre les marques très « lifestyle ».
La première catégorie s’inspire des codes du monde médical, opte pour un discours très pointu qui vise parfois plus le professionnel de santé que le consommateur, et s'oriente plus facilement vers une distribution sélective.
La seconde catégorie tend à se fondre dans le quotidien et à devenir un élément parmi d’autres d’une démarche quotidienne axée sur la santé holistique (alimentation saine, activités sportives et de bien-être). Les formats sont plus alimentaires (boissons, gummies, etc.) et les produits se retrouvent aussi bien sur internet que dans une grande surface.
Vous parlez de "foodification" du segment de l'immunité, qui est une tendance émergente, comment définissez-vous ce terme ?
Nicolas Houyoux, Botalys : L’immunité est une mécanique physiologique extrêmement complexe. On pourrait donc s’attendre à une approche très « médicale » de cette thématique dans les compléments alimentaires. La pandémie a cependant sensibilisé le grand public à l'importance de prendre soin de cet équilibre immunitaire au quotidien. Cette démarche s’intègre donc naturellement dans le quotidien. Une véritable sous-catégorie appelée « aliment fonctionnel » émerge sur ce thème de l’immunité. Les gélules et comprimés laissent ainsi la place aux cafés, sodas et autres gummies « immunité ». Les produits de pharmacies pour une cure de soutien en période hivernale n'ont évidemment pas disparu pour autant, mais ils n'ont plus le monopole sur cette sphère de santé.
Nous sommes ici dans un domaine de la prévention, mais qui tend, toutefois, vers le domaine du thérapeutique-léger (maintien des articulations, diminution de l’anxiété et du stress, bon fonctionnement du foie, etc..), les produits santé tels que les aliments enrichis et compléments alimentaires ne sont pas curatifs, mais il existe des allégations de santé qui tendent vers ces arguments. Quelle est pour vous la plus grande difficulté du secteur ?
Nicolas Houyoux, Botalys : La plupart des PME européennes du secteur répondront probablement « le labyrinthe réglementaire », tant ce dernier peut être complexe à appréhender et représente bien souvent un frein à l’innovation. Pourtant, derrière cette inquiétude légitime, une autre difficulté se profile à l’échelle mondiale : le sourcing des ingrédients actifs.
Les exigences du consommateur sont de plus en plus grandes et s'il peut se passer d'une allégation santé inscrite sur le produit, il ne peut plus se contenter de produits d'une qualité approximative. Au-delà de la question des allégations, c'est donc la question de la qualité qui risque de représenter un défi de taille. Les ingrédients qualitatifs sont à la fois plus difficiles à se procurer mais également plus onéreux, ce qui impacte le prix du produit fini. Si ce dernier point n’est pas nécessairement problématique pour toute l’industrie (le consommateur étant désormais prêt à payer plus pour une qualité supérieure), il peut néanmoins représenter un défi de taille pour des marques développant des produits accessibles au plus grand nombre.
Vous commercialisez des produits en lien avec l’immunité et avez besoin de conseils dans la formulation de vos produits ou sur l’étiquetage ? N’hésitez pas à contacter catherine.malingreau@wagralim.be, notre experte scientifique et règlementaire.
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