Dans la filière sucrière, la durabilité existait bien avant que ce soit tendance. Depuis le début du développement industriel dans les années 1800, les sucriers ont converti les « déchets » en coproduits pour créer de la valeur. Chez Iscal, une partie des pulpes est utilisée pour alimenter les tanks de biogaz et le digestat est renvoyé chez les agriculteurs pour fertiliser les sols.
Mais ces initiatives durables existaient sans structure. Début 2020, ISCAL décide de structurer le tout et de créer une réelle approche RSE.
Wagralim : Quel a été le point de départ pour la mise en place de votre politique en matière de RSE ?
En prenant un peu de recul, nous avons constaté qu’on fait déjà beaucoup de choses sur le plan de la durabilité, de la RSE mais pas de manière structurée. On souhaite créer un cadre et établir une stratégie concrète et cohérente. On décide de désigner une personne qui sera responsable de ce volet. Me voilà donc avec une nouvelle casquette, en plus de la communication!
Pour démarrer, on s’est appuyé sur les ODD et avons sélectionnés ceux dans lesquels nous souhaitions nous intégrer : le 8 « travail décent et croissance économique », le 9 « industrie, innovation et infrastructures », le 12 « consommation et production durable » et le 13 « actions climatiques ». Ces objectifs nous ont permis de prioriser les projets, de commencer à définir un ordre d'importance dans les actions mais ce n’était pas suffisant !
On a créé une « Green team » en interne avec des représentants de chaque service pour avoir toutes les affinités et on s’est lancé dans la réalisation de la table de matérialité. On a listé tous les points, tous les leviers, tous les axes qui, pour nous, étaient importants pour Iscal. Ca va de l'outil de production à la cybersécurité en passant par le bien-être des collaborateurs, la sécurité au travail, la relation avec les planteurs, etc. Cette table a mis en évidence 7 points d’action majeurs, 8 points d’action moyennement important et 4 points d’actions mineurs.
En pratique, comment a pris forme les actions de la RSE ? Cela mobilisait-il beaucoup de temps chez vos collaborateurs ?
Pour Robert, Virginie et moi oui ! Pour les collaborateurs qui nous ont rejoints c’était assez ponctuel. Je dirais 1 heure ou 2 par mois. On a également créé une deuxième équipe de 7 personnes qui sont les Ambassadeurs. L’idée est de les sortir de leur zone de confort et de susciter leurs idées et leur enthousiasme pour développer des projets. Ca peut aller du panier de fruits pour lequel on a rencontré des maraichers de la région à la création du projet Vélo qui a été porté par une collaboratrice RH et notre coordinateur logistique. Quand le projet se concrétise les ambassadeurs sont assez heureux ! Ca crée un engouement et une fierté.
Sur le plan RSE, c'est du pain béni, et, sur le plan communication et les RH c’est tout bon aussi ! En réalité, la majorité des entreprises en Wallonie font de la RSE mais pas toujours de manière coordonnée et un peu opportuniste. Chez Iscal on essaie de structurer et planifier !
Ce travail s’est matérialisé en un rapport édité annuellement. Quel est son impact au sein d’entreprise, des collaborateurs, etc ?
Le rapport RSE est un outil de communication qui essaie d'être globalisant et informatif. C’est un document léger, facile à lire, facile à aborder et sert à faire part à nos collègues de tout ce qui est fait dans les autres équipes, et même dans leurs équipes, et pas que dans l'usine.
Au niveau du recrutement, c’est aussi devenu un levier super important. La réputation d'Iscal en tant qu’entreprise innovante, pionnière, audacieuse et actrice sur le plan de la RSE, ça parle aux Talents. Bien évidemment les conditions de travail, la rémunération, … sont des priorités. Mais malgré tout, les projets de bien-être qu’on a développé dans la RSE, le projet vélo, … sont devenus des arguments dans le recrutement.
Vous avez aussi entamé en parallèle un processus de certification B Corp ?
Oui et c’était peut-être un peu trop tôt ! On a commencé en 2022 pour devenir le premier sucrier européen à être certifié B Corp tout en ayant la réflexion sur la matrice de matérialité en parallèle. La certification a donc pris du retard car on manquait de maturité sur certaines infos, et vice-versa. Si tout va bien, notre certification officielle arrivera mi 2024, un trajet de deux ans ! Si c’était à refaire, j’attendrais 6 mois voire un an pour un process plus rapide finalement ! En même temps, ça a aussi été un bon moyen de nous challenger et d'identifier des leviers sur lesquels on n'aurait pas spécialement travaillé comme par exemple un code éthique ou une charte des fournisseurs.
Un grand avantage, maintenant qu’on a fait tout ce trajet, c’est qu’on a plus de facilité à obtenir d’autres « reconnaissances » comme le score Ecovadis qui nous est demandé par certains clients et qui a fortement augmenté depuis notre travail effectué.
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Découvrez la suite de l’entretien, l’approche CSRD d’Iscal et les conseils de Brieuc dans le dossier thématique « CSRD, rapport RSE, critères ESG, … On fait le point ! » - réservé aux membres – à paraître fin février 2024. Info : delphine.dauby@wagralim.be