La question de l’inflation devient brûlante. C’est principalement la conséquence de l’envolée des prix de l’énergie (du gaz et de l’électricité en particulier). Pour le consommateur final, les prix des autres catégories de biens et services n’augmentent pas anormalement. Ceci étant, on observe en amont de la chaîne de création de valeur des déséquilibres importants qui se traduisent par des augmentations importantes de prix pour les entreprises. En effet, les prix à la production (ou prix de gros), principalement des biens intermédiaires, connaissent des hausses tout à fait exceptionnelles. Elles sont liées à deux phénomènes.
Les matières premières
D’un côté, les prix des matières premières se sont envolés depuis le début de l’année. Ce phénomène était relativement attendu : après un confinement très large de l’économie mondiale lors de la première vague de la pandémie, la réouverture progressive de l’économie, en Asie, aux Etats-Unis et plus tard en Europe a provoqué une demande forte et synchronisée de matières premières.
Or, d’importantes contraintes sur les capacités demeurent, ce qui s’est naturellement traduit par une forte hausse des prix. Par rapport au point bas des prix des matières premières (avril 2020), on observe naturellement de très forts taux de croissance (+60% dans le cas des matières premières agricoles, +120% pour l’ensemble des matières premières).
Cela est tout à fait normal, dans la mesure où les prix s’étaient écrasés en raison du confinement et de la très faible demande mondiale. Mais il est plus intéressant de remarquer que le niveau actuel de la plupart des prix de matières premières est également supérieur à celui observé avant la crise (+30% pour l’ensemble des matières premières).
Enfin, on notera qu’au-delà d’une demande importante, d’autres phénomènes participent à la hausse des prix. On pense notamment aux mesures prises en Chine en faveur de l’environnement, provoquant l’arrêt d’unités de production d’énergie ou encore d’aluminium.
Les coûts de transport
A cela s’ajoute une flambée des coûts de transport. La pandémie a en effet lourdement perturbé la logistique maritime. A la réouverture des économies, la demande forte et la désorganisation des lignes maritimes s’est soldée par une multiplication par quatre des prix du transport par container par exemple.
Ce phénomène a régulièrement été accentué par les foyers de Covid, notamment dans certains ports chinois, imposant aux autorités, conformément à leur stratégie, d’arrêter pour plusieurs jours voire semaines toute activité économique.
Quelles prévisions ?
La combinaison d’une augmentation forte des prix des matières premières, de l’énergie et des coûts de transport mettent donc les coûts des entreprises sous pression. Le phénomène va-t-il durer ? On peut raisonnablement penser qu’une partie des effets observés jusqu’ici sont transitoires : par exemple, la demande pour les matières premières va se normaliser et les chaînes logistiques vont se remettre en place, provoquant une normalisation des coûts de transport.
Ceci étant, cela pourrait prendre un peu de temps : on parle donc d’une normalisation dans le courant de l’année 2022 plutôt que d’un effet brutal à très court terme. Lorsque les marchés internationaux sont perturbés, retrouver un nouvel équilibre prend du temps.
Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de l’énergie, la réponse est encore plus complexe : d’un côté, certains effets temporaires vont là aussi disparaître prochainement, par exemple grâce à la mise en service du nouveau gazoduc russe Norstream2. Mais d’un autre côté, l’attrait mondial pour le gaz naturel et l’introduction de plus en plus contraignante d’un prix du CO2 en Europe devrait maintenir à un niveau plus élevé que précédemment les prix de l’énergie.
Le scénario le plus probable est donc celui d’une stabilisation des prix de l’énergie, mais à un niveau plus élevé que celui observé au cours des dernières années. Pour être complet, il faut avouer que la sévérité de l’hiver dans l’hémisphère nord sera cruciale. Les stocks étant bas, les prix risquent de rester sujet à d’importantes poussées de fièvres.
Une autre question sera de savoir dans quelle mesure les entreprises auront la capacité de reporter les hausses de coût sur leur prix de vente. Si c’est le cas, l’augmentation des prix à la production percolera dans l’ensemble de l’économie, transformant un effet temporaire en une période plus longue d’inflation. A ce jour, ce n’est pas notre scénario, mais il faudra surveiller la situation de près.
Article rédigé en collaboration avec le département économique d’ING.
La question de l’inflation devient brûlante. C’est principalement la conséquence de l’envolée des prix de l’énergie (du gaz et de l’électricité en particulier). Pour le consommateur final, les prix des autres catégories de biens et services n’augmentent pas anormalement. Ceci étant, on observe en amont de la chaîne de création de valeur des déséquilibres importants qui se traduisent par des augmentations importantes de prix pour les entreprises. En effet, les prix à la production (ou prix de gros), principalement des biens intermédiaires, connaissent des hausses tout à fait exceptionnelles. Elles sont liées à deux phénomènes.
Les matières premières
D’un côté, les prix des matières premières se sont envolés depuis le début de l’année. Ce phénomène était relativement attendu : après un confinement très large de l’économie mondiale lors de la première vague de la pandémie, la réouverture progressive de l’économie, en Asie, aux Etats-Unis et plus tard en Europe a provoqué une demande forte et synchronisée de matières premières.
Or, d’importantes contraintes sur les capacités demeurent, ce qui s’est naturellement traduit par une forte hausse des prix. Par rapport au point bas des prix des matières premières (avril 2020), on observe naturellement de très forts taux de croissance (+60% dans le cas des matières premières agricoles, +120% pour l’ensemble des matières premières).
Cela est tout à fait normal, dans la mesure où les prix s’étaient écrasés en raison du confinement et de la très faible demande mondiale. Mais il est plus intéressant de remarquer que le niveau actuel de la plupart des prix de matières premières est également supérieur à celui observé avant la crise (+30% pour l’ensemble des matières premières).
Enfin, on notera qu’au-delà d’une demande importante, d’autres phénomènes participent à la hausse des prix. On pense notamment aux mesures prises en Chine en faveur de l’environnement, provoquant l’arrêt d’unités de production d’énergie ou encore d’aluminium.
Les coûts de transport
A cela s’ajoute une flambée des coûts de transport. La pandémie a en effet lourdement perturbé la logistique maritime. A la réouverture des économies, la demande forte et la désorganisation des lignes maritimes s’est soldée par une multiplication par quatre des prix du transport par container par exemple.
Ce phénomène a régulièrement été accentué par les foyers de Covid, notamment dans certains ports chinois, imposant aux autorités, conformément à leur stratégie, d’arrêter pour plusieurs jours voire semaines toute activité économique.
Quelles prévisions ?
La combinaison d’une augmentation forte des prix des matières premières, de l’énergie et des coûts de transport mettent donc les coûts des entreprises sous pression. Le phénomène va-t-il durer ? On peut raisonnablement penser qu’une partie des effets observés jusqu’ici sont transitoires : par exemple, la demande pour les matières premières va se normaliser et les chaînes logistiques vont se remettre en place, provoquant une normalisation des coûts de transport.
Ceci étant, cela pourrait prendre un peu de temps : on parle donc d’une normalisation dans le courant de l’année 2022 plutôt que d’un effet brutal à très court terme. Lorsque les marchés internationaux sont perturbés, retrouver un nouvel équilibre prend du temps.
Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de l’énergie, la réponse est encore plus complexe : d’un côté, certains effets temporaires vont là aussi disparaître prochainement, par exemple grâce à la mise en service du nouveau gazoduc russe Norstream2. Mais d’un autre côté, l’attrait mondial pour le gaz naturel et l’introduction de plus en plus contraignante d’un prix du CO2 en Europe devrait maintenir à un niveau plus élevé que précédemment les prix de l’énergie.
Le scénario le plus probable est donc celui d’une stabilisation des prix de l’énergie, mais à un niveau plus élevé que celui observé au cours des dernières années. Pour être complet, il faut avouer que la sévérité de l’hiver dans l’hémisphère nord sera cruciale. Les stocks étant bas, les prix risquent de rester sujet à d’importantes poussées de fièvres.
Une autre question sera de savoir dans quelle mesure les entreprises auront la capacité de reporter les hausses de coût sur leur prix de vente. Si c’est le cas, l’augmentation des prix à la production percolera dans l’ensemble de l’économie, transformant un effet temporaire en une période plus longue d’inflation. A ce jour, ce n’est pas notre scénario, mais il faudra surveiller la situation de près.
Article rédigé en collaboration avec le département économique d’ING.