« Bioplastique », une dénomination à géométrie variable

23 avril 2021


Les bioplastiques sont définis comme étant des plastiques « biosourcés » ET à la fois « biodégradables ». Pourtant, ces deux concepts ont des indications d’utilisation totalement différentes. 

 

Il est vrai que la dénomination « bioplastique » bénéficie d’une connotation positive auprès des consommateurs et industriels non-avertis. Cependant, le concept a en réalité peu de valeur dans une perspective d’éco-conception d’un emballage.

 

Plastique biosourcé ou biodégradable

Le plastique biosourcé est un polymère dont le carbone provient d’une source naturelle. Il est donc possible de concevoir un polyéthylène biosourcé pour autant qu’il résulte de la condensation d’éthylène produit à partir d’une biomasse quelconque.

 

Il est important de souligner deux points. La synthèse à partir de la biomasse procède de la chimie et non d’un processus biologique. Les propriétés du polymère biosourcé sont sensiblement les mêmes que celles de l’analogue pétro-sourcé. On pourrait donc conclure que cette alternative biosourcée évite la consommation de ressources fossiles si ce n’est que la production de biomasse, le transport, la fabrication impliquent une consommation de pétrole de manière plus ou moins indirecte.

 

Qu’est-ce que le plastique biodégradable ?

Mentionnons d’emblée que ce terme est à la fois flou et ne peut être mentionné sur les produits vendus en Belgique. La biodégradabilité est la capacité à se dégrader dans l’environnement (le sol, l’eau douce ou l’eau de mer). Si pour certains objets cela pourrait être une propriété intéressante, les autorités belges considèrent, à juste titre, que cela constituerait un message erroné laissant à penser qu’un emballage peut, de ce fait, être abandonné dans la nature. Il n’y a pas d’emballages labellisés « biodégradables » en Belgique !

 

Les emballages en Belgique sont donc compostables ou non. Les emballages compostables se divisent en deux catégories : les « home compost » et les « industrial compost ».

 

Les deux labels définissent les normes de dégradabilité attendues en fonction des conditions observées dans un compost ménager ou industriel. L’efficacité et les aléas dans un compost ménager sont tels que toutes les matières ne pourront être dégradées de manière satisfaisante. Il n’est donc pas souhaitable de jeter dans un compost ménager d’autres emballages que ceux labellisés « home compost ». A l’inverse, des emballages « home compost » peuvent être récoltés et dirigés vers les collectes de déchets organiques traités de façon industrielle.

 

Un avantage environnemental ?

La motivation des consommateurs et des industriels est d’avoir une action positive sur l’environnement. Est-ce que ces deux alternatives rencontrent cet objectif ? A nouveau, ne parlons pas de bioplastique et ayons une réflexion spécifique pour chacun des précédents concepts.

 

Les plastiques biosourcés sont-ils une avancée environnementale ?

Il est impossible de généraliser mais il convient d’évaluer chaque alternative par une Analyse de Cycle de Vie : qu’en est-il de l’empreinte carbone, de l’utilisation des sols, de l’eau etc ?

 

Actuellement, les solutions biosourcées ne sont pas toujours compétitives sur l’ensemble de ces critères. Toutefois, les principes d’économie circulaire, comme ceux défendus par la Fondation Ellen Mac Arthur, encouragent le développement de tels procédés de fabrication et de sourcing.

 

 

Evidemment, cela ne préjuge pas de la façon d’utiliser l’emballage et de sa fin de vie. Ces deux aspects auront un impact très significatif sur l’Analyse du Cycle de Vie.

 


Les plastiques compostables sont-ils une alternative intéressante ?

Il est difficile de considérer chaque situation mais nous pouvons partir des quelques principes. Les fondements d’économie circulaire indiquent qu’il faut d’abord préférer une élimination ou réduction de l’emballage (cette réduction ne doit jamais être préjudiciable à la qualité et la conservation de l’aliment entrainant un gaspillage nettement plus impactant que l’économie d’emballage).

 

Ensuite, il faut promouvoir la réutilisation et le recyclage. Le compostage n’est pas un recyclage mais une alternative à comparer avec l’enfouissement, l’incinération, l’abandon… Composter, c’est sortir de la boucle de réutilisation ou recyclage, avec certes un retour à l’environnement de la biomasse mais sans capitaliser l’énergie et les ressources nécessaires à la production de la biomasse et la fabrication de l’emballage.

 

Il est alors essentiel de distinguer deux alternatives : le compost ménager sans récupération d’énergie et avec émission de gaz à effets de serre mais sans transport ou une biométhanisation avec un contrôle des produits dispersés dans l’environnement, une valorisation énergétique mais un impact du transport. L’impact peut donc varier sensiblement en fonction de l’endroit où le produit sera consommé et de l’existence d’installation de biométhanisation à proximité. Le compost industriel permet certes une meilleure dégradation des emballages et une alternative aux consommateurs qui ne disposent pas d’endroit pour composter, mais il ajoute un transport des déchets et du compost à disperser.

 

Biosourcés, compostables, pour quelles applications ?

Les indications d’usage des plastiques biosourcés peuvent être les mêmes que les analogues petro sourcés… Il faut alors prendre en compte leur impact réel sur l’environnement lors de leur production. Il faut aussi considérer avec intérêt les plastiques recyclés. L’entreprise devrait idéalement mettre en compétition les trois sources de polymères (pétro sourcés, biosourcés, recyclés) pour un scénario donné. Notons qu’un polymère biosourcé peut tout aussi bien être recyclé que son analogue pétro sourcé.

 

Les plastiques recyclables ou réutilisables devraient être préférés aux plastiques compostables dans la majorité des situations. L’efficacité des filières de recyclage ou de valorisation énergétique dépend de la qualité des collectes et des tris. La présence de restes alimentaires n’est pas souhaitable dans les filières de recyclage. De même, la présence de déchets riches en eau n’est pas souhaitable dans les filières de valorisation énergétique.

 

Cependant, des plastiques compostables sont les bienvenus dans les filières de compostage industriel ou de biométhanisation. Permettre aux consommateurs de diriger l’emballage vers le bon sac est aussi essentiel et pas toujours aisé.

 

 

Les plastiques compostables, outre certaines applications agronomiques, sont souhaitables dans certaines applications :

  • Sacs pour déchets organiques ménagers destinés à la collecte,
  • Les emballages difficilement nettoyables comme les sachets de thé, dosettes de café, berlingots de sauces, portions hydrosolubles, …
  • Les étiquettes apposées sur les fruits susceptibles d’être incorporées aux déchets compostables
  • Certaines applications hybrides carton-coating destinés au compostage

Il ne faut pas perdre de vue que les plastiques compostables sont conçus pour être chimiquement et physiquement réactifs. Dès lors, une bonne compostabilité implique le plus souvent des moins bonnes performances des propriétés barrières. Les performances peuvent donc limiter le champ d’applications.

 

Quelques principes pour diminuer l’impact de vos emballages

Tout d’abord, l’emballage est toujours nécessaire. Le « zéro emballage » n’existe pas puisqu’il faut toujours au minimum un contenant (réutilisable) pour le transport. Ajoutons que le sous-emballage est toujours plus dramatique pour l’environnement qu’un léger suremballage étant donné les risques de gaspillage.

 

Ensuite, il faut prendre le temps de redéfinir ce qui est attendu de l’emballage et comparer les alternatives mais aussi comparer l’impact environnemental de chaque solution. Il est impératif de s’assurer que chaque alternative présente la même capacité à protéger votre produit, ce qui peut être plus complexe à quantifier. Finalement, il faudra considérer la fin de vie de l’emballage et les impacts respectifs des différents scenarii (réutilisation, recyclage, compostage, …).

 

Il est essentiel de baser la décision sur des éléments factuels et de prendre en compte l’ensemble des impacts tel que cela est envisagé dans une Analyse de Cycle de Vie (ACV ou LCA). Et enfin, développer une communication claire envers le consommateur pour s’assurer que la fin de vie du produit sera conforme au scénario envisagé.

 

Wagralim reste à votre écoute qu’il s’agisse d’une question ponctuelle ou d’une étude plus large ou encore d’une Analyse de Cycle de Vie. Nous apporterons un premier conseil ou relayerons votre demande aux experts de notre réseau. Contactez sans hésiter emmanuel.vanzeveren@wagralim.be !

 

Sources

OK biodegradable (tuv-at.be)

Figure 1 : A.-M. Delort & E. Gastaldi , différentes facette de la biodégradabilité des plastiques, Séminaire Adebiotech, Paris, 2020

Figure 2 : https://www.tuv -at.be/green-marks/

dans R&D