Les emballages au cœur de la crise alimentaire

22 avril 2022


Combien d’articles n’ont pas été écrits pour disserter de l’utilité des emballages ou pour définir les meilleures alternatives de fin de vie ? Avant cette période de turbulences successives, nous n’aurions pas imaginé l’éventualité d’une pénurie d’emballages et les conséquences qui en découlent. Même les entreprises les plus prudentes n’avaient pas prévu ce scénario dans leurs stress-tests. Pourtant, c’est devenu plus qu’une éventualité pour les prochains mois.  

Le secteur est aux prises avec des questions existentielles concernant la disponibilité et le prix de nombreuses matières premières (matières grasses, céréales, …), l’impact des coûts de l’énergie sur la production et les transports, l’indexation des salaires, l’inflation, les besoins en fonds de roulement qui en résultent, … Quid des emballages ? Nous avons abordé la question avec deux experts en la matière Michael Polet, CEO d’Epoca Products et Thierry Lambert, CEO chez EuralPack. 

Origines de la crise 

Une première vague de difficultés est tout d’abord apparue à la suite de la reprise post covid. En effet, la reprise économique de la Chine avant l’Europe et les USA a perturbé la bonne circulation du transport maritime. Les transports des containers ont alors connu une hausse de prix importante et durable. Il est à craindre que le transport restera plus cher qu’avant la crise. En raison des prix de transports plus favorables vers l’Asie et un redémarrage plus précoce de l’activité, les matières d’emballages ont été envoyées vers l’Asie créant non pas une pénurie mondiale, mais un déséquilibre fin de l’année 2020. 

De plus, les vagues successives de Covid ont provoqué des arrêts impromptus des lignes de production de matières premières conçues pour fonctionner en continu. En Europe, les installations sont vieillissantes et n’ont, de ce fait, pas toujours supportées les mises à l’arrêt.  

L’Europe n’a donc pas retrouvé une pleine capacité à la sortie de la pandémie tandis qu’aux USA, des installations stratégiques ont été perturbées significativement par des vagues de froid et des coupures d’électricité.  

C’est donc bien au début de l’année 2021, avant la guerre en Ukraine, que les difficultés sont apparues.  Le marché est devenu complètement volatil avec une dérégulation complète des prix et de la sécurité d’approvisionnement. Les plasturgistes devant composer au jour le jour face à une dérégulation, essentiellement pour des raisons « logistiques ».  

Situation actuelle et à venir  

Les entrepreneurs du secteur alimentaire n’ont pas forcément pris l’habitude de considérer l’emballage comme un point stratégique. Nos experts ont relevé que la pandémie les a encore plus détournés de ces questions alors que la volatilité des prix les invitait à ne pas contracter ni stocker (un pic des cotations a été constaté vers août 2021 avec des niveaux de prix de l’ordre de 200%). 

Pour Thierry Lambert, CEO chez EuralPack, les facteurs et les effets de cette crise sur les emballages étaient en place avant le début de la guerre en Ukraine. 

Michael Polet, CEO d’Epoca Products, quant à lui, nous explique que la guerre en Ukraine a d’abord provoqué un ralentissement des transports ferroviaires et aériens entre l’Asie et l’Europe mais à ce stade, on ne peut pas encore considérer que la crise énergétique a complètement impacté le secteur qui bénéficie encore de contrats en cours. Au terme de ces contrats, les effets pourraient être très significatifs à partir du deuxième trimestre 2022. Le délai s’explique aussi par un surstockage des gros acteurs en raison des raisons exposées ci-dessus.  

« Le secteur s’attend à des mois extrêmement difficiles que ce soit au niveau des producteurs de matières premières ou encore des producteurs d’emballages, … » 

Pour le secteur alimentaire, l’aluminium, couche barrière extrêmement efficace, a été largement remplacé par des barrières EVOH. L’EVOH permet notamment de travailler avec des emballages mono-matériaux plus faciles à recycler. Le manque d’EVOH ne pourra probablement pas être rapidement et facilement compensé par l’aluminium dont la Russie est le principal producteur. Ce sont donc deux constituants des couches barrières qui risquent de manquer.  

Mais pour d’obscures raisons, les deux producteurs stratégiques d’EVOH ont déclaré devoir limiter leurs productions pour cas de force majeure créant une réelle pénurie de cette matière. 

En conséquence, certains producteurs doivent revoir leurs DLC. D’autres producteurs suggèrent de repasser à des barrières de PVDC…  

Thierry Lambert explique : « La tension sur l’EVOH est telle que les délais de livraison sont allongés de plusieurs semaines. Certains fournisseurs envisagent de revenir à des films de PVDC pour compenser le manque d’EVOH ». 

De précieux conseils pour votre entreprise 

Les prix sont actuellement à un niveau très élevé, les délais de livraison sont allongés de manière anarchique. Pour certaines matières, il est impossible d’anticiper les prix avant la date de livraison. Dans des situations extrêmes mais réelles, les produits ne sont pas disponibles.  

Il est donc vivement conseillé pour votre entreprise de vous rapprocher de votre fournisseur et d’échanger sur la meilleure position à prendre. Il semble sage de constituer un stock stratégique ou d’envisager un plan B. L’arbitrage se fait entre le risque de payer un surcoût en considérant que les prix sont au maximum et le danger de devoir stopper la production par manque d’emballage. Il faut donc anticiper

Là encore, il est important de considérer la question d’une pénurie. Quelles seraient les conséquences pour l’entreprise et quelles sont les alternatives ? Nous ne saurions trop insister sur l’anticipation du problème en vérifiant les DLC des denrées contenues dans des emballages alternatifs (notamment pour les produits emballés sous atmosphère modifiée, MAP). Aborder anticipativement la question d’une alternative est une position défensive en cas de rupture mais doit être préparée tant parce que ces changements vont affecter la logistique que parce qu’ils touchent à la sécurité alimentaire elle-même. Wagralim peut proposer les ressources d’un large réseau collaboratif d’experts et d’entreprises. 

C’est peut-être aussi, crise oblige, une opportunité de tester et d’innover en direction d’autres alternatives et découvrir que certaines barrières sont, peut-être, surdimensionnées. Des solutions plus économiques et plus écologiques sont alors envisageables. La crise complexe va questionner les usages actuels et révéler des pistes d’innovations au sein des entreprises et sur l’ensemble de la chaine de valeur. Wagralim épaule les projets innovants, vous aide à trouver les partenaires capables de contribuer aux développements de vos idées et vous conseille sur les financements de ces ambitions.  

Contactez-nous via l’adresse mail emmanuel.vanzeveren@wagralim.be ou n’hésitez pas à nous rencontrer au salon Empack le 19 mai et à vous inspirer à travers plusieurs séminaires : https://info.wagralim.be/event/participez-a-notre-journee-dediee-aux-emballages-alimentaires-du-futur-43/register