Avec l'augmentation de la population, la demande en nourriture et en protéines ne cesse de croître. Cependant, les modèles actuels de production de protéines atteignent leurs limites, contribuant au réchauffement climatique, à la déforestation et à l'épuisement des ressources en eau et en terres arables. De plus, l’Europe est aujourd’hui dépendante de pays tiers pour son approvisionnement en protéines. Près de 24 % des besoins en alimentation animale et 66 % des besoins en alimentation animales riches en protéines reposent sur l’importation, notamment de soja (dont 96 % est importé). Cette dépendance protéique rend nos systèmes vulnérables aux crises environnementales et sociales, exposant les producteurs et les consommateurs européens aux fluctuations des prix mondiaux.
Face à cette situation, l’évolution des régimes alimentaires, et plus particulièrement la transition protéique (ou « protein shift »), apparaît comme un levier majeur pour réduire les impacts écologiques de nos modes de consommation et assurer l’autonomie de nos systèmes agricoles. Dans ce contexte, on observe le développement de nombreuses alternatives protéiques.
Zoom sur les protéines végétales
Les protéines végétales sont devenues un élément central des stratégies visant à réduire l'impact environnemental de la production alimentaire. Les sources sont variées et peuvent être divisées en trois catégories principales :
- Légumineuses à grains secs : féverole, haricot, lentille, lupin, pois protéagineux, pois chiche, soja. Ces cultures représentent la majorité des protéines végétales. Outre leur teneur en protéines, elles offrent d’autres avantages nutritionnels, comme une teneur élevée en micronutriments essentiels, un faible indice glycémique, et l'absence de gluten. Elles présentent également des avantages agro-environnementaux, tels que la fixation de l’azote, la diversification des cultures et l'amélioration de la fertilité des sols.
- Oléagineux : caméline, colza, lin oléagineux, chanvre, tournesol. De plus, les tourteaux restant après trituration sont des coproduits encore très riches en protéines. Aujourd’hui largement utilisés dans l'alimentation animale, de nouvelles opportunités de valorisation en alimentation humaine émergent.
- Pseudo-céréales : quinoa, sarrasin. Ce sont des alternatives nutritives aux céréales classiques.
Ces protéines végétales ont toujours été présentes dans nos assiettes en tant que tel. Aujourd'hui, elles servent de matière première pour la production de protéines végétales transformées, disponibles sous diverses formes : substituts de viande, alternatives aux produits laitiers, substituts aux œufs, protéines en poudre, et bien plus encore. Ces innovations permettent de diversifier les options alimentaires tout en répondant aux besoins nutritionnels et environnementaux.
Quid des autres sources de protéines alternatives ?
À l’échelle mondiale, de nouvelles sources de protéines se développent, bien que leur marché reste encore de niche. Parmi ces alternatives, on trouve :
- La fermentation de précision : elle permet de produire des protéines spécifiques à l’aide de micro-organismes génétiquement modifiés (bactéries ou levures).
- Les mycoprotéines : issues de champignons à travers des procédés de fermentation, elles peuvent être utilisées comme ingrédients par les entreprises agroalimentaires.
- Les protéines à base d’insectes : bien que l'entomophagie reste limitée dans certaines régions, les insectes représentent une source durable de protéines à faible impact écologique.
- La biomasse microbienne : considérée comme une source future de protéines, elle implique l’utilisation de micro-organismes tels que des algues et des bactéries.
Wagralim et la transition protéique en Wallonie
Chez Wagralim, nous nous engageons à soutenir la transition protéique : au cours de notre Roadmap des systèmes alimentaires Wallons, le secteur des protéines végétales a été identifié comme secteur stratégique pour les futures chaines alimentaires wallonnes. Cette transition exige une approche systémique, intégrant l'ensemble de la filière, afin de bâtir un système agroalimentaire interconnecté, durable et résilient. Notre objectif est de soutenir l'autonomie alimentaire de la région en accompagnant les acteurs de l’innovation à chaque étape de la chaîne de valeur.
Dans ce cadre, Wagralim soutient l'Initiative d'Innovation Stratégique (IIS) Protewin, coordonnée par Celabor et issue de la stratégie de spécialisation intelligente S3. Cette initiative a pour objectif de renforcer l'indépendance protéique de la Région wallonne en développant et en déployant des filières locales de protéines végétales et alternatives.
Vous êtes intéréssé(e) par la thématique ? Le projet Walopea, issu de la stratégie Circular Wallonia vient de se clôturer ! Ce projet développé par Wagralim en partenariat avec le Cepicop et le CRAW avait pour objectif de soutenir le développement de la filière des pois protéagineux en Wallonie et de travailler sur ses enjeux.
Plusieurs outils à destination des agriculteurs et des industriels ont été développés dans le cadre de ce projet. Un travail a été réalisé sur les itinéraires techniques, les variétés, le prix de revient, les tris et des méthodes d’analyses rapides ont été développées (taux de protéine, détection d’allergènes et présence d’ochratoxines).
Par ailleurs, de nouvelles brochures sur le pois et la féverole à destination des agriculteurs et semenciers ont également été éditées. Les enjeux pour cette filière sont nombreux et ce travail a permis d’en lever quelques uns. Cette culture, bien qu’ayant des vertus agronomiques indiscutables et un potentiel de développement en Wallonie, reste très sensible aux conditions climatiques. Il est donc important de poursuivre ce travail de recherche notamment au niveau variétal, business modèle, et rentabilité de l’ensemble de la filière.
Vous souhaitez en savoir plus sur notre implication dans la transition protéique en Wallonie ? Contactez julie.grosjean@wagralim.be
Source :
HRISTOV, J., TASSINARI, G., HIMICS, M., BEBER, C., BARBOSA, AL, ISBASOIU, A., KLINNERT, A., KREMMYDAS, D., TILLIE, P. et FELLMANN, T., Combler le déficit protéique de l'UE – facteurs déterminants, synergies et compromis, Office des publications de l'Union européenne, Luxembourg, 2024, doi:10.2760/84255, JRC137180.