Ce mardi 9 septembre 2025, le Parlement Européen a adopté une loi visant à lutter contre les déchets alimentaire et textiles.
En 2030, chaque Etat membre devra réduire de 30 % les déchets alimentaires de la distribution, de la restauration et des ménages, et de 10 % ceux générés par la transformation et la fabrication des aliments, par rapport aux volumes annuels enregistrés entre 2021 et 2023. Pour l’industrie alimentaire, cette loi s’ajoute à celle de janvier 2024 qui oblige le tri et la valorisation des biodéchets.
Face à ces réglementations, les industries alimentaires wallonnes ont anticipé et recourent activement aux solutions tournées autour de l’économie circulaire. Nous vous proposons de découvrir quelques initiatives du secteur développées dans le cadre de projets de Wagralim.
Zoom sur quelques projets en matière d’économie circulaire
Le marc de pomme se transforme en farine
Le marc de pomme représente plus de 2000 tonnes (matière humide) par an en Wallonie.
Jusqu’à récemment, les seules voies de valorisation envisagées étaient l’alimentation animale ou la biométhanisation, alors que ce coproduit présente des propriétés très intéressantes, notamment sa richesse en pectine, en sucre ou en fibres. Face à ce constat, EVH (Vergers d’Upigny) qui produisent du jus de pomme, se sont associés à l’entreprise Nextgrain, fabriquant de farine à base de coproduits, afin de convertir leur marc de pomme en farine. Celle-ci a ensuite été testée dans la production par Ecopoon qui fabrique des couverts comestibles. Le procédé validé, cette farine est également utilisée en boulangerie et pâtisserie.
Ce développement a pu être réalisé grâce à la collaboration des 3 acteurs et via un financement européen dans le cadre du projet B-Resilient.
Photo @L'Echo ©Kristof Vadino
Le scoby (résidu de la fermentation du Kombucha) devient un biofilm alimentaire
LIVING FOREST propose une gamme de Kombucha, qui est une boisson fermentée non-alcoolisée, et élaborée à partir d’essences naturelles des forêts ardennaises belges. Lors de la fermentation, une matière se développe : le scoby. Ce dernier revête des propriétés extrêmement intéressantes et encore sous-exploitées. Il est notamment possible de créer de nouveaux biofilms innovants et durables pour le secteur alimentaire.
Ce projet très ambitieux a nécessité beaucoup de recherche en amont afin de pouvoir produire suffisamment de Scoby tout en conservant la qualité du Kombucha.
Les céréales germées, déclassées, deviennent un ingrédient des substrats de champignons
Que faire des céréales germées qui sont déclassées ? Lors des années particulièrement pluvieuses, les céréales moissonnées germent spontanément interdisant la fabrication d’une farine de qualité. La perte financière engendrée est non négligeable
Suite à ce constat, ECLO, société qui produit à partir de ces grains déclassés en alimentation humaine, du substrat pour produire des champignons exotiques, Ce projet leur a permis non seulement de trouver une matière supplémentaire à intégrer dans leur recette de substrat à un prix intéressant, mais également de mieux rémunérer les agriculteurs partenaires.
D’autres projets en développement
Les possibilités de valorisation sont nombreuses, malheureusement tout comme les challenges à devoir surmonter. Si la recherche a permis de proposer plusieurs voies de valorisation, le scale-up vers les industries n’est pas toujours chose aisée. Afin de pouvoir aider les industries à emboiter le pas de la circularité, le pôle Wagralim vient de finaliser un projet de valorisation de plusieurs coproduits via un équipement mutualisé (sous la forme d’un proof of concept). Quatre coproduits ont été intégrés à cette étude : le son de blé, la drèche de brasserie, le tourteau de colza et le marc de pomme. Les résultats de cette étude sont très prometteurs, avec le développement de farine riches en fibres et protéines. Ces farines ont pu être incorporées dans différentes préparations avec de très beaux résultats et un nutriscore amélioré : des boulettes végétariennes avec du tourteau de colza et du son de blé, des sauces réalisées avec du tourteau de colza et enfin, un pain à base de farine de drèche et son de blé.
Enfin, il ne faut pas oublier la réduction des déchets qui passe par une meilleure maitrise des process et de la qualité. Wagralim soutient de nombreux projets dans ce sens qui mobilisent par exemple des compétences et des acteurs spécialistes des questions de microbiologiques, d’emballages durables et recyclables, d’intelligence artificielle ou de digitalisation, au travers entre autres de 2 programmes Interreg : Food radars et R-EU-Cylce
Dans un secteur qui compte 95% de PME, ces transitions impliquent des ressources importantes. Qu’il s’agisse de recherche et développement, d’infrastructure, de changement de business model, … les entreprises précédemment citées ont pu bénéficier d’un accompagnement spécifique par Wagralim, pôle d’innovation du secteur agroalimentaire wallon. Au travers de B-Resilient, programme européen, et Waloval, projet issu de la stratégie Circular Wallonia, les entreprises ont pu bénéficier de soutiens financiers mais aussi d’un soutien concret dans la mise en œuvre de leur nouveau processus.
« La lutte contre les déchets alimentaires n’est pas uniquement une obligation réglementaire, c’est aussi une formidable opportunité pour l’industrie wallonne d’innover, de réduire ses coûts et de renforcer son image auprès des consommateurs » souligne WAGRALIM.
Contacts
Cécile Fontaine - cecile.fontaine@wagralim.be
Julie Grosjean - julie.grosjean@wagralim.be