L'emballage, au centre de toutes les préoccupations

23 avril 2021


L'emballage suscite beaucoup de commentaires ces derniers temps, nous avons donc décidé de réaliser une interview avec Mathieu Defour, administrateur chez Defimex, une société de production d'emballages. Il a accepté de nous éclairer sur le sujet.

 

1) Que pensez-vous de la problématique des emballages ? 

L’emballage est un sujet brûlant, et particulièrement en Belgique où trois réglementations distinctes sont d’application. La problématique se situe essentiellement sur les emballages à usage unique.

 

Pour rappel, à ce jour en Wallonie, les emballages plastiques à usage unique sont interdits, sauf s’ils ont une épaisseur minimale de 60 µ. Tandis qu’en région bruxelloise, la règle se réduit à 50 µ, et qu’en région flamande aucune restriction d’épaisseur n’est d’application, celle-ci préconisant le recyclage des déchets plastiques via la collecte dans des sacs spécifiques.

 

2) Quels types de solutions proposez-vous ?

Nous proposons tant que possible des emballages réutilisables et valorisables. Cela permet aux usagers de diminuer les volumes de déchets et de consommer de manière plus écocitoyenne, par exemple en proposant des sacs naturels en jute sans pesticides ni traitements chimiques, ni pelliculage plastique.  

 

Cet emballage concerne les fruits et légumes vendus en vrac, mais cela vaut également pour la vente des pommes de terre, carottes, oignons ou autres préemballés par les producteurs/conditionneurs.

 

Selon nous, la solution de demain pour l’emballage agroalimentaire passera par une prise de conscience de la nécessité d’arrêter le gaspillage. 

 

Le suremballage n’a pas d’avenir, rien ne pourra plus le justifier car la demande et la tendance est « at minima ». 

 

Cependant, il faudra encore des années de recherche et beaucoup de chance pour parvenir à trouver la solution sans défaut. Le tout est de revenir à l’essentiel et de chasser le superflu. 

  

3) Comment envisagez-vous le futur de l'emballage dans le secteur agroalimentaire ?

Le coût d’exploitation actuel des emballages utilisés dans le secteur agroalimentaire est très bas, compte tenu de l’usage intensif du plastique. L’emballage plastique en ligne de production est rapide, bon marché sous toutes ses formes, peu volumineux et léger. C’est pour cela qu’il a remplacé le jute il y a plus de 50 ans maintenant.

 

Les nouvelles directives européennes visant à réduire drastiquement l’usage des emballages à usage unique n’épargneront pas le secteur agroalimentaire.

 

Tant que cette industrie restera dans une logique de préemballage jetable, elle sera sujette à devoir investir toujours plus cher pour ses conditionnements : redevance FOST PLUS toujours plus élevée, aléa des réglementations nationales et objectifs des directives européennes toujours plus restrictives.

 

Concernant la redevance FOST PLUS, notez qu'un sac plastique-filet jetable pour emballer des pommes de terre/oignons/carottes revient en moyenne* à 0,128 €/pièce hors redevance FOST PLUS.


La redevance FOST PLUS appliquée sur les sacs plastiques à usage unique est de 0,3766 €/kg en 2018.


Si un sac de pommes de terre en filet de plastique pèse à vide en moyenne 22 grammes, avec l’étiquetage, le supplément FOST PLUS revient à 0,0083 €/sac. Le prix de revient du sac est donc de 0,136 €/pièce.

 

Donc, en 2018, l’impact de la redevance FOST PLUS/sac est de 6 % sur le prix d’achat.

 

Le montant que coûtait le FOST PLUS pour le plastique en 2017 était de 0,2823 €/kg.

 

En un an, on a donc constaté une hausse de 33 % de la redevance Fost Plus. 

 

4) Pourquoi l'emballage est-il un sujet important selon vous ?

L’emballage est un sujet capital, car au-delà du marketing, au-delà du côté pratique, il répond avant tout à un besoin qualitatif de transport et de conservation.

 

Le plastique a amené énormément de bonnes choses dans l’emballage industriel, mais a vécu ses heures de gloire. L’urgence est au retour aux sources, et le jute notamment a fait ses preuves dans le passé. Passé de mode à une époque où le « tout plastique » imposait sa logique économique, il retrouve ses lettres de noblesse grâce à une métamorphose du comportement d’achat et à une nécessité de sortir du « tout jetable ».

 

Notre rôle est d’entendre, d’écouter les acteurs de ce monde et de leur suggérer une autre approche, en tenant compte de l’évolution de consommation de leur clientèle et des impératifs environnementaux.

 

En résumé, je dirais que l’emballage est important car il est représentatif de notre mode de vie.

 

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Source:

Mathieu Defour

dans R&D