Les nouveaux polymères : Quelles innovations pour demain ?

May 4, 2023


Afin de mieux appréhender la question, deux acteurs de l’amont et l’aval de la chaÏne ont partagé leur vision et ont identifié les enjeux inhérents au développement de nouveaux polymères. Un constat général : une compréhension globale de l’ensemble de la chaine de valeur est une condition sine qua non du développement mature d’un nouveau polymère.  

D’après Jean-Marie Raquez, maître de recherche FRS-FNRS et spécialiste des polymères à l’Umons, il n’est pas forcément opportun de chercher de nouveaux polymères, il préconise plutôt de se pencher plus longuement sur trois pistes de recherche : travailler sur de nouvelles approches, notamment en matière d’économie circulaire, à savoir réutiliser l’emballage pour refaire de l’emballage, développer de nouveaux additifs appropriés pour le recyclage et enfin, déployer des solutions innovantes pour des applications de niche comme le médical. Lorsque l’on envisage le développement d’un nouveau polymère, il est d'ailleurs intéressant de s’attarder sur trois points. 

Concevoir ses matériaux en fonction des applications  

Chaque aliment a des besoins spécifiques en matière d’emballage : allonger la conservation du produit, protéger l’aliment afin d’assurer la sécurité, etc. La création d’un nouveau polymère est pensée directement au regard de l’application.    

Prévoir la fin de vie de la matière   

Un problème majeur dans le développement de nouveaux polymères est la gestion de sa fin de vie. Les plastiques peuvent être recyclables ou compostables (généralement via un compost industriel, parfois ménager).  

Si la filière de valorisation existe et que, en pratique, l’emballage atterrit effectivement dans la bonne filière de recyclage, les plastiques recyclables sont généralement à privilégier sur les plastiques biodégradables. La biodégradation ne permet pas de récupérer la matière première qui constituait cet emballage. Par ailleurs, l'énergie liée à la dégradation n'est pas non plus valorisée. L’approche biodégradation est intéressante si le risque de retrouver l’emballage dans l’environnement est élevé, comme pour les capsules de détergent. 

Philippe Teller, Directeur général TIBI, souligne l’importance des concepts de « triabilité » et de « recyclabilité » dans la réflexion sur le développement de nouveaux polymères. Il est impératif que le flux du nouveau polymère soit suffisant et qu’une solution de recyclage puisse exister.  

Par ailleurs, les centres de tri n’étant pas extensibles sans limite, chaque décision d’extension doit être minutieusement évaluée à la lumière de critères environnementaux et économiques.  

Penser le sourcing : un enjeu important !  

Biosourcé versus pétrosourcé. La question de la consommation des ressources est évidemment fondamentale. En effet, il est très compliqué, voire impossible d’atteindre les mêmes propriétés entre le biosourcé et le pétrosourcé. C’est pour cette raison que bon nombre d’emballages dits biosourcés sont en réalité des « compounds » entre biosourcé et pétrosourcé.  

Polypea, un exemple d’innovation  

Depuis 2020, deux acteurs privés (Polypea et Cosucra) et un acteur du monde académique (UMons) travaillent sur le développement d’un bioplastique biodégradable dans différents environnements naturels (eau marine, eau douce et dans le sol) et soluble dans l'eau.  

Ce biopolymère est entièrement biosourcé et permet d'obtenir un film souple et transparent pour des applications d'emballage.  

Gilles Crahay, fondateur de Polypea travaille sur une matrice à base d’amidon (coproduit de l’entreprise Cosucra). Son objectif est de pouvoir apporter une solution écologique à différents plastiques qui n’atteignent pas les filières de tri, tels que les films de tablette de lave-vaisselle, les coatings pour papier-carton, les films de paillage agricole ou encore l’enrobage de certaines semences agricoles.  

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